vendredi 18 novembre 2011

Double réalité

Witoslaw Czerwonka, vidéo-miroir sentimentale, date inconnue, vidéo, 3'18", captures d'écran

Avec le projet « Regards projetés » entamé depuis plus de dix ans, Apollonia vise à réunir et à diffuser des œuvres d’artistes vidéastes européens, Après une première sélection polonaise en 2004, le choix de cette année s’oriente vers la ville de Gdansk. C’est dans cet optique que sera présenté le travail de Witosław Czerwonka qui œuvre dans cette ville depuis une quarantaine d’année.
Considéré comme l’un des pionniers de l’art vidéo polonais, il y ouvre une galerie indépendante dans les années 1978-1980. Détenteur d’un diplôme en études supérieures à l’académie des Beaux-arts de Gdansk, il y obtient un poste dès 1975 et y dispense actuellement des cours de multimédia.
Pour « Le fardeau et la légèreté », il présente sa Vidéo-miroir sentimentale. Sur la vidéo (d’une durée de 3 minutes 16), on peut voir deux écrans émergeant de l’obscurité, rapprochés, disposés en angle et semblant se refléter, mais sans néanmoins s’inverser.
Loin du split-screen utilisé cinématographiquement par Brian De Palma pour dramatiser l’action, ici le dédoublement de l’image prend part à un jeu de miroir. Les deux moniteurs diffusent la même bande, montrant la lune se réverbérant sur la mer. A cela viennent s'adjoindre les reflets générés entre les écrans, ajoutant à la mise en abîme (deux vidéos, présentées en tant que telles et filmées à leur tour). La sentimentalité du titre pourrait ainsi autant s’appliquer au contenu de l’image (dans Pelnia, Witosław Czerwonka utilisait déjà l’image de la lune) qu’au médium même.
Mais il existe un autre degrés de lecture possible. Si l’on se réfère à la fin de la vidéo, présentant la pièce où sont disposés les téléviseurs, on pourrait discerner un lien avec la situation que connaît Gdansk actuellement. La ville peine en effet à sortir de la crise qu’elle subit depuis les années 80. Le bateau qui traverse les écrans en début de vidéo pourrait ainsi rappeler le port de Gdansk et, par extrapolation, la répression à l’encontre du Solidarnosc. L’embarcation ne se manifestant qu’en début de film, l’on peut penser qu’il ne fait que souligner un acte passé, un temps révolu. Néanmoins, en présentant les téléviseurs sur des briques empilées sommairement, dans une pièce vide, Witoslaw Czerwonka semble souligner les bases branlantes sur lesquelles la société actuelle repose. Le contraste avec la présentation d’un paysage paisible (mais néanmoins crépusculaire) n’en est que plus fort, d’autant que cette « révélation » n’intervient qu’en fin de vidéo, lui conférant tout son sens.

Guillaume Limatola.

With the “Projected visions” project, started in 2001, Apollonia’s aim is to gather and to broadcast the work of european video artists. After a first Polish selection in 2004, this year’s choice arises on the city of Gdansk. In this framework, the videos of Witoslaw Czerwonka working in Gdansk since forty years, will be presented. Considered as a Polish art video pioneer, he ran an independent gallery in Gdansk from 1978 to 1980. Graduated from Gdansk Academy of fine art, he is employed there since 1975, as a professor at the Multimedia Studio.
Within the "Burden and lightness” selection, he is showing his
Sentimental Video-mirror. On this 3 minutes 16’s video, we can see two screens, willings closely and in angle, reflecting each other, but without any kind of inversion. Far from the use of the split screen made by Brian De Palma in order to stres the action, here the picture’s duplication is involved in a mirror game. The two monitors are broadcasting the same video, showing the moon and his reflection on the sea. The reflections between the two screens, added to the fact that the two screens were also filmed, can make us think that the sentimentalism discussed in the video’s title can apply to the landscape shown in the videos, or tho the medium himself. But we can also choose an other point of view. If we refers to the video’s end, showing the place where the TV sets are installed, we can see a link to the Gdansk situation. The city is suddening a crisis since the eighties. The boat shown in the video can remembering Gdansk’s harbour, and by then, the repression against the Solidarnosc movement. The boat is only occuring at the beggining of the video, so we can think that it’s only underlining a fact occured in Gdansk’s past. But the TVs are summary stacked on some bricks, in an empty room. We cant think, then, that this fact is acting as a mataphor of a society based on rickety bases. The contrast between the peacefull landscape (but however plunged in darkness) is strong, mainly that this revelation is only happening at the end of the video.  

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