dimanche 13 novembre 2011

Métaphore d'une société

Ania Witkowska, Underwater (Sous-Marin), 2007, vidéo, 5'34", capture d'écran



En regardant l’œuvre de l'artiste polonaise, Ania Witkowska, le spectateur plonge dans le monde sous-marin. Composée de plusieurs séquences, la vidéo montre un bouquet d'algues dans un aquarium où évoluent quelques animaux aquatiques à l'aspect très particulier : le Phycodurus Eques, vivant au sud de la côte australienne. Cousin de l'hippocampe, on pourrait pourtant l'appeler le caméléon marin : par sa morphologie, il se fond dans la végétation grâce à de longues protubérances ressemblant aux feuilles des algues présentes sur tout son corps. De plus, il a la capacité de changer de couleur en fonction de son environnement. Se mouvant avec lenteur dans son habitat naturel, ce camouflage lui permet de ne pas attirer l'attention de prédateurs, et est donc indispensable à sa survie. 
Contrastant avec la rapidité de notre société, cette vidéo est sans rythme, créant ainsi une ambiance presque irréelle, la musique ininterrompue participant à cet univers en parfaite contradiction avec le notre. Le temps semble s'être arrêté entre angoisse et apaisement : cet animal étrange et peu connu, se déplaçant sans mouvement brusque, se confondant avec les algues, intrigue et répugne par son aspect, mais, attire et hypnotise par sa gestuelle gracieuse et la complexité de sa morphologie. Le spectateur est donc tiraillé entre deux réactions antagonistes. D'une part la contemplation de l'esthétique de cette forme organique évoluant dans ce sombre fond marin et l'aversion pour cette créature inconnue quelque peu repoussante.
Cette vidéo dénote de l'ensemble des œuvres présentées par le sujet traité et le manque de rythme. Cependant, nous pouvons y voir une métaphore de la société polonaise : les capacités de la population à accepter les changements, à se fondre dans un nouvel environnement, politique, social et économique et à s'intégrer dans la masse européenne ont été, et sont toujours, indispensables pour assurer sa survie.


Cécilia Meola.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire