mercredi 23 novembre 2011

La galerie Apollonia acceuille Dominika Skutnik.../ Welcome Dominika Skutnik

Dominika Skutnik, One ton in the air, 2008, installation, collections FRAC Lorraine.


Dominika Skutnik is an artist born in 1970 in the city of Gdansk, Poland. She came to Strasbourg in the framework of the project "e.city - Gdansk" (Apollonia Association) as "artist in residence" for a period of 3 months. Dominika will work with the Architecture School and the Applied Art School in Strasbourg for a joint workshop project entitled : "draw in (g) the city" gathering architecture, urban space and installation. Thus, she will share her artistique experience with the students of both schools. We can see many common points between the art of Dominika Skutnik and the works of the other Gdansk artists on show in apollonia venue.

Pour la première fois, la galerie Apollonia accueille en résidence la Polonaise Dominika Skutnik. Après Istanbul et Bucarest, cette année c’est la Pologne qui est mise à l’honneur avec l’exposition « e.cité - Gdansk ». Tout comme les artistes présents dans cette exposition, Dominika Skutnik est elle-même originaire de la ville de Gdansk, où elle naquit en 1970. Après avoir suivit un cursus secondaire classique en Pologne, elle entra à l’Académie des Beaux Arts pour y étudier le design, le graphisme, le dessin et surtout la peinture. Pour son projet d’étude de fin d’année, elle délaissa le medium de la peinture pour se tourner peu à peu vers l’installation qui, selon elle, offre une plus grande liberté d’expression et permet d’exploiter différents matériaux.
Le dossier de Dominika Skutnik a été sélectionné dans le cadre d'un appel à projets pour une résidence d'artiste de trois mois à Strasbourg. Sa mission consistera alors à réaliser un projet commun avec l’école des Arts décoratifs et l’école nationale supérieure d’architecture autour de la thématique « dessiner dans la ville » menant ainsi la réflexion de l’impact de la création sur la mutation urbaine. Tout comme ses créations artistiques, ce projet combine à la fois le travail de sculpture et d’architecture. L’artiste sera présente aux côtés des étudiants pour les orienter et les conseiller dans leurs projets qui verront le jour dans différents quartiers strasbourgeois.

Dominika Skutnik est une artiste très active en Pologne, et plus particulièrement à Gdansk. On retrouve ses imposantes sculptures exposées dans différents centres d’art de la ville : La Kolo Galery, le Moderliana, la collection du Wyspa Art Institute ou encore à la Wyspa Gallery. Elle participa également à de nombreuses expositions dans les pays du Nord, comme à la Kunstlerdorf Schoeppingen en Allemagne, au Rauma Art Museum en Finlande ou encore à Brême au Lichthaus (2008). Concernant sa « Suspension », elle parcourait quant à elle, l’une des salles de l’hôtel Mariakapel gallery, à Hoorn, en Hollande (2007). L’Altonale festival de Hambourg recevait en 2006 ses « Concentrations » et la Platane Galerie de Budapest ses « Tattoo » (2005). Enfin, l’artiste Polonaise a fait son apparition aux Etats-Unis, tout d’abord au Sculpture Center de New-York (2003), ainsi qu’à Santa Monica, au Art Center (2006). Quant à sa présence dans les expositions françaises, celle-ci est beaucoup plus restreinte. Toutefois, Dominika Skutnik participa à l’exposition intitulée « (A)pesanteur, récits sans gravités » qui eu lieu du 14 novembre 2008 au 18 janvier 2009 au FRAC de Metz. Avec cette exposition, il s’agissait d’interroger la notion de pesanteur et d’apesanteur, la notion de vide, d’espace et de gravité ; autant de termes qui relèvent du domaine philosophique. Dans cette exposition, Dominika Skutnik nous propose « One ton in the air », une sculpture suspendue datant de 2003. Comme son titre l’indique, il s’agit d’une tonne de barres métalliques installées horizontalement entre les murs de la galerie. Cette sculpture fonctionne conjointement avec l’espace de la galerie mais aussi avec le visiteur qui s’y aventure. De plus, la manière dont ces étais prennent appuie contre les murs crée une véritable tension à l’intérieur même du lieu d’exposition. Cette tension est également palpable pour le visiteur qui est invité à passer sous cette masse pour arriver de l’autre côté. Ces derniers craignent alors de voir les murs de la galerie se fissurer et céder sous ce poids, même si nous savons que cette crainte réside dans l’imagination de chacun. Ainsi, le travail de Dominika Skutnik invite le visiteur à expérimenter son œuvre. Celui qui pénètre dans la galerie n’est plus ici un simple « regardeur » mais participe véritablement à « une relation spatiale, un rapport de force, une domination physique et un jeu psychologique ». On parle en effet ici de jeu psychologique puisque le visiteur est à la fois tiraillé par l’envie de passer de l’autre côté de l’installation mais aussi freiné par la crainte de voir s’effondrer sur lui cette tonne de métal. On retrouve ce phénomène de tension avec la sculpture « Headhunter » (2004) mais aussi dans ses sculptures électromagnétiques comme « Field », « White Wreath » ou « Tattoo » (2005).

Comme on pourra le constater, Dominika Skutnik n’intervient pas de façon directe dans cette exposition puisque aucune de ses œuvres n’y est exposée. Cependant, sa présence n’est sans doute pas anodine. Qui mieux qu’une artiste originaire de Gdansk peut comprendre les enjeux d’une telle exposition ? Tout comme ses compatriotes, la Polonaise partage ce même regard sur sa ville natale qui évolue au fil des années, se transformant peu à peu en un véritable champ d’actions artistiques. Cependant, au-delà de ce partage identitaire, ne faut-il pas voir dans l’œuvre de Dominika Skutnik cette même volonté de témoigner de la mutation urbaine et de ses préoccupations ? Si nous reprenons l’exemple de l’installation citée précédemment « One ton in the air », on pourra constater qu’on retrouve certaines idées évoquées dans l’exposition mais appréhendées de manière totalement différente. Ainsi, les étais qu’utilise l’artiste dans son installation évoquent aussi l’idée de chantier. En effet, ces éléments de charpente servent à soutenir un mur ou un plancher lors de réfections ou de travaux. Ainsi, tout comme les vidéos de Michal Szlaga, on retrouve cette même thématique du chantier. Bien plus encore, nous avions évoqué l’idée de pression que pourrait alors exercer ces étais sur les murs de la galerie. Dès lors, cette pression entraînerait leur destruction ; thème que l’on retrouve également dans l’exposition, notamment avec le cycle de photographies « Cityproject » d’Alicja Karska et Aleksandra Went qui met en avant, par l’intermédiaire de morceaux de sucre, le projet d’une ville utopique et moderne qui, elle aussi, est amenée à disparaître. Cette idée de destruction entraîne indubitablement avec elle la notion de tragédie. Pour tous ces artistes, ne serait-ce pas une tragédie de voir un jour disparaître leur ville natale ? Il en va de même pour l’installation de Dominika Skutnik : si l’installation était amenée à s’effondrer sur le spectateur, cette dernière ne prendrait-elle pas à son tour une dimension tragique ? Qui dit émotion tragique, dit sentiment humain. La place de l’homme est longuement interrogée dans cette exposition, notamment par la vidéo performance de Wojciech Zamiara qui nous montre, de façon lyrique, l’effacement progressif de l’homme. En effet, celui-ci a toujours eu un rôle important à jouer dans l’histoire d’un pays mais également dans l’art comme c’est le cas chez Dominika Skutnik. On retrouve cette même question de la place de l’homme puisque son installation ne demande qu’à être expérimentée par les visiteurs et ne saurait fonctionner pleinement sans eux. De plus, nous avions évoqué la crainte du spectateur par rapport à cette installation ; sentiment qui raisonne à nouveau dans l’exposition puisqu’on ressent, au travers des différents projets, une certaine crainte de voir un jour disparaître la ville de Gdansk à laquelle ces artistes semblent très attachés. Bien plus qu’une exposition, il s’agit véritablement d’un travail de mémoire visant à marquer les esprits bien au-delà des frontières polonaises. On pourra ainsi constater que chacun des artistes s’exprime par des formes plastiques et des registres très divers mais que, malgré ces différences, raisonnent en eux les mêmes rêves et utopies. Dominika Skutnik a pris le parti de l’exprimer par la lourdeur des choses avec « One ton in the air » quand d’autres ont pris le parti pris du « Fardeau et de la légèreté ».

Perrine Schalck

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire