mardi 15 novembre 2011

OXYMORON

Martin Honorata , Legs (Les jambes), vidéo techniques mixtes, 1'30"


The young artist Honorata Martin uses many techniques in her videos. Painted elements, drawings on film tapes, stop motion and performance are combined with a certain sense of rhythm. Two videos, La Guerre (Le dîner) and Les jambes, are presented in the exhibition 
"e.city - Gdansk".
Both evoke in the same time, hope and disillusion, humour and seriousness, lightness and burden. Perhaps just like Gdansk's (and more other places) atmosphere...


Une jeune fille aux visage et chemisier souillés court, affolée, dans une rue. Nous la suivons. De petits monstres émergent de restes bientôt plus très alimentaires pour y disparaître rapidement. Un être tente de s'approprier une seconde et indésirable paire de jambes. Sans succès ?
Partant surtout de la peinture, Honorata Martin développe un art vidéo qui convoque une multiplicité de techniques artistiques. Film d'animation, dessin sur pellicule, performance, décors peints, se retrouvent pour se combiner dans les deux vidéos de l'artiste présentées lors de l'exposition "e.cité Gdansk".
Deux films d'animation qui nous rappellent que se tenait récemment, à Gdansk notamment, la 22ème édition du Cartoon Forum, un forum européen de coproduction pour films d'animation. Créé en 1990, grâce au programme Média de l'Union Européenne, ce rendez-vous annuel majeur a permis de créer un large réseau de coopérations transfrontalières, et a donc contribué au dynamisme de l'animation européenne en permettant à plus de 430 séries d'animation de voir le jour.
Ainsi, dans La Guerre (Le Dîner) voit on s'alterner deux séquences à une cadence soutenue. D'une part, ce qui pourrait être la comparaison, en stop motion, du gâchis de la guerre par celui de la nourriture. Du magma coloré des restes d'un repas s'élèvent de petites créatures, des petits riens d'êtres, qui ne font que s'anéantir.
Entre ces scènes d'une cruauté toute relative, la caméra est aux trousses d'une adolescente affolée. Elle court comme une dératée. Vient-elle de faire une mauvaise rencontre ? Est-elle horrifiée par ce qu'elle vient de voir ? Figure et vêtements salis, elle pourrait être à la fois victime et responsable de ce dîner guerrier.
On retrouve ce même univers absurde et faussement enfantin dans Les jambes. L'artiste essaie la peau d'un personnage qui ne parvient pas à s'approprier sa paire de membres surnuméraire. Inadaptées, grotesques, ces jambes lui donnent du fil à retordre. Un vrai fardeau, ou un prétexte au jeu, et donc à la légèreté ?
L'oeuvre de Honorata Martin dévoile un pan de la jeune création de Gdansk, ville portuaire du nord de la Pologne, à l'honneur cette année. Appartenant à une génération qui n'a vu que les espoirs et les désillusions souvent amères qui ont suivi la chute du communisme, Honorata Martin nous en livre un constat aigre-doux. Usant habilement du vecteur de l'humour, l'artiste glisse habilement, en arrière-plan de ses vidéos, des sujets plus lourds, comme le conflit, la perte de repères, une envie de fuir la réalité.

Anne Guldner.

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