Michal SZLAGA, Stocznia Gdanska, 2004-2011, photographie e.cité - Gdansk : aspects de la création artistique contemporaine e.city - Gdansk: aspects of contemporary art This blog was created as part of a partnership between Apollonia and the master Critique-Essais of Strasbourg, on the project and exhibition E-City Gdansk. You can find here some texts describing the E-city project, the exhibition and the achievements of Polish artists. Apollonia is a structure that searches to promote artistic exchanges in Europe. Its mission: try to make converse practices, public and reveals some artists mostly located in the countries of Central and Eastern Europe, the Balkans, the Baltics and the Caucasus. www.apollonia-art-exchanges.com In France, we only can find few teachings that lead to the writing and to art criticism. In Strasbourg, the master Critique-Essais allows students to explore critical writing with publishing in partner magazines, try to learn about the curator job and to confront with the theories of contemporary art. Ce blog a été réalisé dans le cadre d'un partenariat entre Apollonia et le master Critique Essais de Strasbourg sur le projet et exposition E-cité Gdansk.Vous pouvez y trouver des textes décrivant le projet E-cité, l'exposition et les réalisations des artistes polonais avec une approche critique. Apollonia est une structure qui a pour but de promouvoir les échanges artistiques en Europe. Sa mission : faire dialoguer les pratiques, les publics, nous fait découvrir des artistes situés pour la plupart dans les pays d’Europe centrale et orientale, les Balkans, les pays Baltes et du Caucase du Sud. www.apollonia-art-exchanges.com En France, rares sont les enseignements menant à l'écriture et à la critique d'art. A Strasbourg, ce master permet aux étudiants d'explorer l'écriture critique en publiant dans des magazines partenaires, de s'initier au commissariat d'exposition, de se confronter aux théories de l'art contemporain. Espace Apollonia 12 rue du Faubourg de Pierre F-67000 Strasbourg exposition du 17 octobre au 25 novembre 2011 / exhibition from 17 October until 25 November 2011 du lundi au vendredi : 10h-12h / 15h-18h / Monday-Friday : 10-12 a.m. / 3-6 p.m. entrée libre / free admission 2 expositions dans le même espace, au même moment : 2 exhibitions in the same space, at the same time : AVANCEZ VERS L’ARRIÈRE ! / PLEASE, STEP FROWARD TO THE REAR ! Exposition photographique / Photography exhibition Commissariat / Curator : Agnieszka Wolodzko Artistes / Artists : Alicja Karska / Aleksandra Went, Zbigniew Kosycarz, Michal Szlaga, Agnieszka Wolodzko LE FARDEAU ET LA LÉGERTÉ Regards projetés – Gdansk, sélection d’art vidéo / Projected visions - Gdansk, video art Commissariat / Curator : Agnieszka Wolodzko Artistes / Artists : Witosław Czerwonka, Alicja Karska/Aleksandra Went, Julia Kurek, Honorata Martin, Michal Szlaga, Maciej Szupica/Przemysław Adamski/Maciej Salamon, Ania Witkowska, Wojciech Zamiara, Piotr Wyrzykowski |
Regards croisés / Crossed Visions
Un partenariat entre Apollonia et le master Critique & Essais de Strasbourg pour l'exposition E-Cité Gdansk / Partnership between Apollonia and the Master Critique & Essais of Strasbourg for the exhibition E-City Gdansk
vendredi 25 novembre 2011
E-Cité Gdansk : infos pratiques / E-City Gdansk : practical informations
jeudi 24 novembre 2011
« E comme Espoir ? » / « E like a new field of human Endeavour ? »
Vue de l'exposition / Exhibition view |
This year the project “e.city-Gdansk” presents the city of Gdansk, from an artistic, urbanistic, cultural and historical point of view, to make known its identity, through two exhibitions – a photographic one and a video one – organized by the artist and curator Agnieszka Wolodzko in the gallery Apollonia and through a residence of the Polish artist Dominika Skutnik, both in Strasbourg.
Indeed, the Polish city has been largely destroyed at the End of the Second World War and has then been subjected to a high communist suppression. This past, this history seems to be very important in the exhibitions and in almost every artists’ works. However, they live, now, to the present and try to see the life easier. That’s why every works swing between different temporalities, between the past and the present, between the memory and the hope. These different temporalities, this bivalence, these oppositions, this plurality are important in the pieces, in the messages they deliver. These are also marked by the diversity of the approaches, the different uses of the medium, the generation’s gap, the expression of the art, in one hand, passing by the documentary, a certain form of gravity, and on the other hand a more lyrical, poetic, funny, fantastic, or caustic way. So, please, “Step forward to the rear!”, to reuse one of the exhibition’s title and let’s conclude by a new conjugation of the project “e.city” that means : “E like Europe, E like Exchange, E like urban Environment”, and why not “E like new field of human Endeavour ?”
Indeed, the Polish city has been largely destroyed at the End of the Second World War and has then been subjected to a high communist suppression. This past, this history seems to be very important in the exhibitions and in almost every artists’ works. However, they live, now, to the present and try to see the life easier. That’s why every works swing between different temporalities, between the past and the present, between the memory and the hope. These different temporalities, this bivalence, these oppositions, this plurality are important in the pieces, in the messages they deliver. These are also marked by the diversity of the approaches, the different uses of the medium, the generation’s gap, the expression of the art, in one hand, passing by the documentary, a certain form of gravity, and on the other hand a more lyrical, poetic, funny, fantastic, or caustic way. So, please, “Step forward to the rear!”, to reuse one of the exhibition’s title and let’s conclude by a new conjugation of the project “e.city” that means : “E like Europe, E like Exchange, E like urban Environment”, and why not “E like new field of human Endeavour ?”
Le projet « e.cité-Gdansk » de cette année consiste à présenter, à travers deux expositions organisées par la commissaire et artiste Agnieszka Wolodzko et une résidence de l’artiste Dominika Skutnik, la ville de Gdansk, jusqu’à la fin de l’année 2011, d’un point de vue artistique avant tout, urbanistique, culturel, historique et donc identitaire. En effet, la ville polonaise a été largement détruite à la fin de la Seconde Guerre Mondiale et a subi une forte répression communiste dans les longues années d’après-guerre. Ce passé lourd et marquant semble inscrit dans les expositions d’Apollonia qui nous incitent à « avancer vers l’arrière » et nous ramènent ainsi, d’une certaine manière, vers les douleurs de l’Histoire encore présentes, les hommes – et les artistes – polonais, vivant toujours entre « le fardeau et la légèreté » du présent.
Par ailleurs, Dominika Skutnik, artiste originaire de Gdansk séjournera à Strasbourg jusqu’au mois de décembre, pour interroger l’impact de la ville, d’un lieu, dans la création. Une production plastique découlera, à son retour à Gdansk, de cet échange entre l’artiste polonaise et Strasbourg, mais surtout, un projet strasbourgeois « draw in (g) the city », pleinement inscrit dans le territoire, puisqu’il est mené en partenariat avec L’Ecole Supérieure des Arts Décoratifs et l’Ecole d’architecture de la ville de Strasbourg se construit actuellement, mêlant les notions de ville, d’histoire et de création artistique et se nourrissant surtout d’échanges et de métissage entre les étudiants et l’artiste, dont les regards, les nationalités, les pratiques artistiques diffèrent.
D’autres regards se croisent dans le projet « e.cité-Gdansk », notamment ceux des deux expositions – l’une photographique, l’autre vidéo – présentées en un seul lieu, la galerie Apollonia dont les titres respectifs nous suffisent pour comprendre les liens qui les unissent, outre la ville de Gdansk elle-même. Particulièrement intrigants, ces titres nous conduisent, puisque ce sont deux oxymores, à lire le message véhiculé par toutes les œuvres dans les deux sens. N’y aurait-il pas, au milieu de ces traces, des témoignages, vidéos et photographiques, de cette Histoire et de cette mémoire, des notes de légèreté et d’espoir ? Avançons, puisqu’il l’est dit ainsi.
L’accent est mit sur cette forte bivalence, sur les oppositions et sur la pluralité. Une pluralité marquée à la fois par la diversité des approches, des utilisations et des manipulations des médiums photographiques et vidéos surtout ; par l’écart des générations d’artistes, mêlant pionniers et jeunes débutants ; par les intentions, tournées plutôt vers l’homme ou son environnement, vers l’homme absent, présent, présent par son absence, vers un passé, un présent ou un futur, assemblant des visions tantôt graves, tantôt drôles, et avant tout par la richesse des œuvres exposées.
Les œuvres de Zbigniew Kosycarz par exemple, ancien photographe de presse, ont valeurs de documentaires et de témoignages historiques, tout comme les photographies, néanmoins plus intimistes d’Agnieszka Wolodzko. On retrouve par ailleurs, à plusieurs reprises, la mémoire du chantier naval à la renommée internationale et qui a, lui aussi, fortement marqué l’histoire de la ville, dans les œuvres photographiques et vidéos des artistes Michel Szlaga ou d’Alicja Karska et Aleksandra Went. L’histoire navale et le monde marin sont par ailleurs des motifs récurrents dans les vidéos sélectionnées pour l’exposition – utilisant cependant des formes plastiques et des registres très variés –, notamment dans celles d’Ania Witkowska qui explore les mondes sous-marin d’un aquarium, de Witoslaw Czerwonka qui fixe deux caméras sur la mer ou le vidéo-clip de Maciej Szupica & Przemysław Adamski & Maciej Salamon, qui tangue entre traversée surnaturelle, épopée extra-ordinaire, bouteille à la mer et poissons-globe. L’œuvre Beta Nassau de Piotr Wyrzykowski nous renvoie également à ces références en nous faisant découvrir la coque d’un bateau vieilli sous un tout nouveau point de vue qui dévoile comme une multitude de tableaux coloristes abstraits. Mais nombreux sont les artistes vidéastes qui ont recours à des formes moins documentaires et plus empathiques, en travaillant davantage dans le registre du fantastique, de la narration imaginée, de l’humour, au présent, un humour néanmoins caustique, comme celui d’Honorata Martin ou de Julia Kurek dont les œuvres oscillent entre malaise et amusement. Une autre dichotomie se retrouve dans la très belle vidéo-performance Coffee de Wojciech Zamiara qui nous montre l’effacement progressif de l’homme, mais ce de manière particulièrement ironique et lyrique : entre fardeau et légèreté, une fois de plus.
Rapide focus, pour conclure, sur le Cityproject d’Alicja Karska et Aleksandra Went qui boucle la boucle : les photographies basculent entre les deux temporalités inhérentes à l’exposition. Les tourments de l’histoire pèsent toujours sur la ville de Gdansk détruite à la fin de la seconde guerre mondiale et représentée à l’arrière-plan, mais les deux artistes sont pleines d’espoir et nous proposent un projet urbanistique futuriste utopique, et léger, dans tous les sens du terme, puisque la maquette est réalisée en sucre. Cependant, ce projet de ville nouvelle ne tardera malheureusement pas à être, lui aussi, comme par le passé, détruit. Entre l’Histoire et le présent, la mémoire et l’espoir, règne toujours en toile de fond de toutes ces œuvres, le fardeau qui domine, encore ou à nouveau, leurs vies quotidiennes. Le cycle annuel de manifestations « e.cité » se résume toujours ainsi « E comme Europe, E comme échanges, E comme (arts) électroniques, E comme environnement urbain. » Une fois encore, tout y est avec Gdansk. Mais pourquoi ne rajouterions-nous pas cette année, « E comme espoir » ? En tous les cas, nous disons « E comme empressons-nous de partir à la rencontre de Gdansk et ses artistes, d’hier, d’aujourd’hui et de demain. »
Par ailleurs, Dominika Skutnik, artiste originaire de Gdansk séjournera à Strasbourg jusqu’au mois de décembre, pour interroger l’impact de la ville, d’un lieu, dans la création. Une production plastique découlera, à son retour à Gdansk, de cet échange entre l’artiste polonaise et Strasbourg, mais surtout, un projet strasbourgeois « draw in (g) the city », pleinement inscrit dans le territoire, puisqu’il est mené en partenariat avec L’Ecole Supérieure des Arts Décoratifs et l’Ecole d’architecture de la ville de Strasbourg se construit actuellement, mêlant les notions de ville, d’histoire et de création artistique et se nourrissant surtout d’échanges et de métissage entre les étudiants et l’artiste, dont les regards, les nationalités, les pratiques artistiques diffèrent.
D’autres regards se croisent dans le projet « e.cité-Gdansk », notamment ceux des deux expositions – l’une photographique, l’autre vidéo – présentées en un seul lieu, la galerie Apollonia dont les titres respectifs nous suffisent pour comprendre les liens qui les unissent, outre la ville de Gdansk elle-même. Particulièrement intrigants, ces titres nous conduisent, puisque ce sont deux oxymores, à lire le message véhiculé par toutes les œuvres dans les deux sens. N’y aurait-il pas, au milieu de ces traces, des témoignages, vidéos et photographiques, de cette Histoire et de cette mémoire, des notes de légèreté et d’espoir ? Avançons, puisqu’il l’est dit ainsi.
L’accent est mit sur cette forte bivalence, sur les oppositions et sur la pluralité. Une pluralité marquée à la fois par la diversité des approches, des utilisations et des manipulations des médiums photographiques et vidéos surtout ; par l’écart des générations d’artistes, mêlant pionniers et jeunes débutants ; par les intentions, tournées plutôt vers l’homme ou son environnement, vers l’homme absent, présent, présent par son absence, vers un passé, un présent ou un futur, assemblant des visions tantôt graves, tantôt drôles, et avant tout par la richesse des œuvres exposées.
Les œuvres de Zbigniew Kosycarz par exemple, ancien photographe de presse, ont valeurs de documentaires et de témoignages historiques, tout comme les photographies, néanmoins plus intimistes d’Agnieszka Wolodzko. On retrouve par ailleurs, à plusieurs reprises, la mémoire du chantier naval à la renommée internationale et qui a, lui aussi, fortement marqué l’histoire de la ville, dans les œuvres photographiques et vidéos des artistes Michel Szlaga ou d’Alicja Karska et Aleksandra Went. L’histoire navale et le monde marin sont par ailleurs des motifs récurrents dans les vidéos sélectionnées pour l’exposition – utilisant cependant des formes plastiques et des registres très variés –, notamment dans celles d’Ania Witkowska qui explore les mondes sous-marin d’un aquarium, de Witoslaw Czerwonka qui fixe deux caméras sur la mer ou le vidéo-clip de Maciej Szupica & Przemysław Adamski & Maciej Salamon, qui tangue entre traversée surnaturelle, épopée extra-ordinaire, bouteille à la mer et poissons-globe. L’œuvre Beta Nassau de Piotr Wyrzykowski nous renvoie également à ces références en nous faisant découvrir la coque d’un bateau vieilli sous un tout nouveau point de vue qui dévoile comme une multitude de tableaux coloristes abstraits. Mais nombreux sont les artistes vidéastes qui ont recours à des formes moins documentaires et plus empathiques, en travaillant davantage dans le registre du fantastique, de la narration imaginée, de l’humour, au présent, un humour néanmoins caustique, comme celui d’Honorata Martin ou de Julia Kurek dont les œuvres oscillent entre malaise et amusement. Une autre dichotomie se retrouve dans la très belle vidéo-performance Coffee de Wojciech Zamiara qui nous montre l’effacement progressif de l’homme, mais ce de manière particulièrement ironique et lyrique : entre fardeau et légèreté, une fois de plus.
Rapide focus, pour conclure, sur le Cityproject d’Alicja Karska et Aleksandra Went qui boucle la boucle : les photographies basculent entre les deux temporalités inhérentes à l’exposition. Les tourments de l’histoire pèsent toujours sur la ville de Gdansk détruite à la fin de la seconde guerre mondiale et représentée à l’arrière-plan, mais les deux artistes sont pleines d’espoir et nous proposent un projet urbanistique futuriste utopique, et léger, dans tous les sens du terme, puisque la maquette est réalisée en sucre. Cependant, ce projet de ville nouvelle ne tardera malheureusement pas à être, lui aussi, comme par le passé, détruit. Entre l’Histoire et le présent, la mémoire et l’espoir, règne toujours en toile de fond de toutes ces œuvres, le fardeau qui domine, encore ou à nouveau, leurs vies quotidiennes. Le cycle annuel de manifestations « e.cité » se résume toujours ainsi « E comme Europe, E comme échanges, E comme (arts) électroniques, E comme environnement urbain. » Une fois encore, tout y est avec Gdansk. Mais pourquoi ne rajouterions-nous pas cette année, « E comme espoir » ? En tous les cas, nous disons « E comme empressons-nous de partir à la rencontre de Gdansk et ses artistes, d’hier, d’aujourd’hui et de demain. »
Claire Kueny.
mercredi 23 novembre 2011
La galerie Apollonia acceuille Dominika Skutnik.../ Welcome Dominika Skutnik
Dominika Skutnik is an artist born in 1970 in the city of Gdansk, Poland. She came to Strasbourg in the framework of the project "e.city - Gdansk" (Apollonia Association) as "artist in residence" for a period of 3 months. Dominika will work with the Architecture School and the Applied Art School in Strasbourg for a joint workshop project entitled : "draw in (g) the city" gathering architecture, urban space and installation. Thus, she will share her artistique experience with the students of both schools. We can see many common points between the art of Dominika Skutnik and the works of the other Gdansk artists on show in apollonia venue.
Pour la première fois, la galerie Apollonia accueille en résidence la Polonaise Dominika Skutnik. Après Istanbul et Bucarest, cette année c’est la Pologne qui est mise à l’honneur avec l’exposition « e.cité - Gdansk ». Tout comme les artistes présents dans cette exposition, Dominika Skutnik est elle-même originaire de la ville de Gdansk, où elle naquit en 1970. Après avoir suivit un cursus secondaire classique en Pologne, elle entra à l’Académie des Beaux Arts pour y étudier le design, le graphisme, le dessin et surtout la peinture. Pour son projet d’étude de fin d’année, elle délaissa le medium de la peinture pour se tourner peu à peu vers l’installation qui, selon elle, offre une plus grande liberté d’expression et permet d’exploiter différents matériaux.
Le dossier de Dominika Skutnik a été sélectionné dans le cadre d'un appel à projets pour une résidence d'artiste de trois mois à Strasbourg. Sa mission consistera alors à réaliser un projet commun avec l’école des Arts décoratifs et l’école nationale supérieure d’architecture autour de la thématique « dessiner dans la ville » menant ainsi la réflexion de l’impact de la création sur la mutation urbaine. Tout comme ses créations artistiques, ce projet combine à la fois le travail de sculpture et d’architecture. L’artiste sera présente aux côtés des étudiants pour les orienter et les conseiller dans leurs projets qui verront le jour dans différents quartiers strasbourgeois.
Dominika Skutnik est une artiste très active en Pologne, et plus particulièrement à Gdansk. On retrouve ses imposantes sculptures exposées dans différents centres d’art de la ville : La Kolo Galery, le Moderliana, la collection du Wyspa Art Institute ou encore à la Wyspa Gallery. Elle participa également à de nombreuses expositions dans les pays du Nord, comme à la Kunstlerdorf Schoeppingen en Allemagne, au Rauma Art Museum en Finlande ou encore à Brême au Lichthaus (2008). Concernant sa « Suspension », elle parcourait quant à elle, l’une des salles de l’hôtel Mariakapel gallery, à Hoorn, en Hollande (2007). L’Altonale festival de Hambourg recevait en 2006 ses « Concentrations » et la Platane Galerie de Budapest ses « Tattoo » (2005). Enfin, l’artiste Polonaise a fait son apparition aux Etats-Unis, tout d’abord au Sculpture Center de New-York (2003), ainsi qu’à Santa Monica, au Art Center (2006). Quant à sa présence dans les expositions françaises, celle-ci est beaucoup plus restreinte. Toutefois, Dominika Skutnik participa à l’exposition intitulée « (A)pesanteur, récits sans gravités » qui eu lieu du 14 novembre 2008 au 18 janvier 2009 au FRAC de Metz. Avec cette exposition, il s’agissait d’interroger la notion de pesanteur et d’apesanteur, la notion de vide, d’espace et de gravité ; autant de termes qui relèvent du domaine philosophique. Dans cette exposition, Dominika Skutnik nous propose « One ton in the air », une sculpture suspendue datant de 2003. Comme son titre l’indique, il s’agit d’une tonne de barres métalliques installées horizontalement entre les murs de la galerie. Cette sculpture fonctionne conjointement avec l’espace de la galerie mais aussi avec le visiteur qui s’y aventure. De plus, la manière dont ces étais prennent appuie contre les murs crée une véritable tension à l’intérieur même du lieu d’exposition. Cette tension est également palpable pour le visiteur qui est invité à passer sous cette masse pour arriver de l’autre côté. Ces derniers craignent alors de voir les murs de la galerie se fissurer et céder sous ce poids, même si nous savons que cette crainte réside dans l’imagination de chacun. Ainsi, le travail de Dominika Skutnik invite le visiteur à expérimenter son œuvre. Celui qui pénètre dans la galerie n’est plus ici un simple « regardeur » mais participe véritablement à « une relation spatiale, un rapport de force, une domination physique et un jeu psychologique ». On parle en effet ici de jeu psychologique puisque le visiteur est à la fois tiraillé par l’envie de passer de l’autre côté de l’installation mais aussi freiné par la crainte de voir s’effondrer sur lui cette tonne de métal. On retrouve ce phénomène de tension avec la sculpture « Headhunter » (2004) mais aussi dans ses sculptures électromagnétiques comme « Field », « White Wreath » ou « Tattoo » (2005).
Comme on pourra le constater, Dominika Skutnik n’intervient pas de façon directe dans cette exposition puisque aucune de ses œuvres n’y est exposée. Cependant, sa présence n’est sans doute pas anodine. Qui mieux qu’une artiste originaire de Gdansk peut comprendre les enjeux d’une telle exposition ? Tout comme ses compatriotes, la Polonaise partage ce même regard sur sa ville natale qui évolue au fil des années, se transformant peu à peu en un véritable champ d’actions artistiques. Cependant, au-delà de ce partage identitaire, ne faut-il pas voir dans l’œuvre de Dominika Skutnik cette même volonté de témoigner de la mutation urbaine et de ses préoccupations ? Si nous reprenons l’exemple de l’installation citée précédemment « One ton in the air », on pourra constater qu’on retrouve certaines idées évoquées dans l’exposition mais appréhendées de manière totalement différente. Ainsi, les étais qu’utilise l’artiste dans son installation évoquent aussi l’idée de chantier. En effet, ces éléments de charpente servent à soutenir un mur ou un plancher lors de réfections ou de travaux. Ainsi, tout comme les vidéos de Michal Szlaga, on retrouve cette même thématique du chantier. Bien plus encore, nous avions évoqué l’idée de pression que pourrait alors exercer ces étais sur les murs de la galerie. Dès lors, cette pression entraînerait leur destruction ; thème que l’on retrouve également dans l’exposition, notamment avec le cycle de photographies « Cityproject » d’Alicja Karska et Aleksandra Went qui met en avant, par l’intermédiaire de morceaux de sucre, le projet d’une ville utopique et moderne qui, elle aussi, est amenée à disparaître. Cette idée de destruction entraîne indubitablement avec elle la notion de tragédie. Pour tous ces artistes, ne serait-ce pas une tragédie de voir un jour disparaître leur ville natale ? Il en va de même pour l’installation de Dominika Skutnik : si l’installation était amenée à s’effondrer sur le spectateur, cette dernière ne prendrait-elle pas à son tour une dimension tragique ? Qui dit émotion tragique, dit sentiment humain. La place de l’homme est longuement interrogée dans cette exposition, notamment par la vidéo performance de Wojciech Zamiara qui nous montre, de façon lyrique, l’effacement progressif de l’homme. En effet, celui-ci a toujours eu un rôle important à jouer dans l’histoire d’un pays mais également dans l’art comme c’est le cas chez Dominika Skutnik. On retrouve cette même question de la place de l’homme puisque son installation ne demande qu’à être expérimentée par les visiteurs et ne saurait fonctionner pleinement sans eux. De plus, nous avions évoqué la crainte du spectateur par rapport à cette installation ; sentiment qui raisonne à nouveau dans l’exposition puisqu’on ressent, au travers des différents projets, une certaine crainte de voir un jour disparaître la ville de Gdansk à laquelle ces artistes semblent très attachés. Bien plus qu’une exposition, il s’agit véritablement d’un travail de mémoire visant à marquer les esprits bien au-delà des frontières polonaises. On pourra ainsi constater que chacun des artistes s’exprime par des formes plastiques et des registres très divers mais que, malgré ces différences, raisonnent en eux les mêmes rêves et utopies. Dominika Skutnik a pris le parti de l’exprimer par la lourdeur des choses avec « One ton in the air » quand d’autres ont pris le parti pris du « Fardeau et de la légèreté ».
Perrine Schalck
mardi 22 novembre 2011
Une femme aux multiples facettes
Agnieszka Wolodzko est une peintre, photographe, vidéaste, performeuse, en bref, elle est une plasticienne accomplie, mais elle est également commissaire d'exposition. Ajoutons à cela la rédaction de textes sur l'art et l'architecture, traitant des plans urbains et des problèmes liés aux villes contemporaines, que l'on pourrait classer comme type, par exemple la toile d'araignées avec le centre et les banlieues l'entourant. Elle fait partie de l'équipe du centre d'art contemporain Laznia, basé a Gdansk, où elle opère surtout en tant que commissaire d'exposition mais aussi en tant qu'artiste.
Dans le cadre d'E-cité Gdansk, elle invite quatre artistes photographes pour une exposition ayant pour titre Avancez vers l'arrière, phrase prononcée par les contrôleurs dans les tramways, notamment de Varsovie.
Agnieszka Wolodzko propose au public une partie de sa série de photographies appelée Body on the Move, déjà proposée en 2009 à Varsovie au forum culturel australien. Les photographies prises à la va-vite, sur les routes, au détour de voyages ou de résidences d'artiste. En ressort un sentiment de passage où la photographie serait une trace encore en mouvement. Conçue comme un trombinoscope de villes de Chine, de Russie, du Japon, de Roumanie, d'Ukraine ou encore du Maroc, Body on the Move est un mode de vie de la photographie. L'homme y est représenté de façon omniprésente, créant ainsi une revanche sur la période communiste.
Agnieszka Wolodzko organise en même temps, une autre exposition, réunissant dix artistes autour du titre Le fardeau et la légèreté.Dix artistes utilisant la vidéo comme moyen d'expression et d'exploration dans d'autres champs artistiques. Artistes confirmés ou en devenir, l'exposition aura pour objectif de nous faire découvrir le décalage de génération tant humain que technologique.
Agnieszka Wolodzko, Body on the Move, depuis 2004 en cours, série de photographies |
A women with multiple facets.
Agnieszka Wolodzko is a painter, photographer, video artist, performer and curator; shortly, she has many talents. She works at the Contemporary art centre Laznia, based in Gdansk, as a curator but also as an artist. She is behind two exhibitions taking place in apollonia venue in Strasbourg under the title"e.city - Gdansk". Within the first project, an exhibition of four photographers curated by Agnieszka Wolodzko, she shows her photo series entitled Body on the Move. Photographs taken quickly on the roads, during the trips or artistic residences leave a feeling of passage where the photograph is a still moving trace.
lundi 21 novembre 2011
Entre espoir et désillusion
Zbigniew Kosycarz La visite du pape, 1987, photographie |
Au début de l'exposition Avancez vers l'arrière, une photographie de l'artiste polonais Zbigniew Kosycarz présente un fait historique des plus importants : La visite du pape dans la ville de Gdansk, en 1987. C'est un retour dans son pays natal pour le saint-père, né à Wadowice, près de Cracovie. Ses quatre premières visites (1979, 1983, 1987 et 1991) dans le pays ont été l'occasion pour lui d'appuyer son soutien à Lech Walesa.
Zbigniew Kosycarz a immortalisé sur la pellicule la foule compacte de fidèles qui se pressait alors pour écouter le discours papal, tout en brandissant des écriteaux sur lesquels étaient inscrits : « Solidarnosc ». Si le pape est venu à Gdansk c'est parce qu'elle est la ville symbole de la résistance au communisme. En effet, c'est en 1980 sur le chantier naval que la résistance de Solidarnosc s'est organisée et que son dirigeant Lech Walesa a connu une ascension fulgurante.
Né en 1925 et mort à l'âge de soixante-dix ans, Zbigniew Kosycarz s'est illustré dans la photographie de presse. C'est après les bouleversements dus à la Seconde Guerre Mondiale que l'artiste s'est installé dans la ville portuaire, séduit par le mélange de magie et de terreur que dégageaient les ruines. Fasciné par la longue reconstruction, Zbigniew Kosycarz s'est appliqué à rendre compte de l'actualité de la ville de Gdansk sur près de cinquante ans. Ainsi, il s'est focalisé sur la vie quotidienne des gens durant le communisme et a immortalisé un couple qui roule à bicyclette, le ferry qui navigue sur le fleuve Motlawa ou encore les avions qui décollent de l'aéroport de Gdansk. Néanmoins des événements importants ont également été photographiés en noir et blanc par l'artiste, tels que le démantèlement de la statue de Lénine ou les grèves des ouvriers de Gdansk et la naissance de Solidarnosc.
Le travail de Zbigniew Kosycarz se focalise donc sur la question du développement urbain et retrace l'histoire de la ville. Ainsi, cet artiste de l'ancienne génération présente Gdansk à la manière d'un documentaire, avec des yeux de photographe de presse tandis que ses successeurs l'abordent de manière plus ludique ou plus ironique.
C'est également en cela qu'il trouve sa place dans cette édition d'é.cité consacrée à la ville de Gdansk, tout en faisant le pont entre passé et présent, entre effondrement et reconstruction, et finalement entre espoir et désillusion.
Marion Hulot.
dimanche 20 novembre 2011
Cité éphémère / Ephemeral City
Alicja Karska / Aleksandra Went, Cityproject, 2008-2009, installation photographique (détail) |
Sur les plages des chantiers navals de Gdansk, au nord de la Pologne, une ville moderne a été érigée par Alicja Karska et Aleksandra Went ; ses immeubles anguleux, ses avenues rectilignes, faisant face à la mer Baltique.
Cityproject (2008-2009) est une cité miniature construite à partir d'un unique matériau : le sucre. La maquette repose sur le sable humide, entre les flaques. Par l'action de l'eau, elle fond lentement. Son dynamisme et sa blancheur initiaux laissant place à des amas ternes, brunâtres, disséminés sur la plage. La disparition totale de l'installation semble inévitable... À l'arrière plan, les immeubles vétustes du chantier donnent la même impression de décomposition. À l'image du sucre, les bâtiments rouillés sont à la merci des éléments.
Ce projet urbanistique est un moyen pour le duo d'artistes d'observer et de questionner la ville qui nous entoure, qui évolue et meurt à nos côtés. Alicja Karska et Aleksandra Went semblent jouer de la dualité utopie/réalité : sont-elles pleines d'espoir vis-à-vis de ces nouvelles constructions - le sucre insufflant à l'installation de la légèreté, ou cherchent-elles à mettre en avant une partie de la ville devenue obsolète donc en proie à la destruction ? L'histoire pèse encore sur les chantiers navals de Gdansk, berceau de la fédération de syndicats Solidarnosc : alors que tout semblait possible à la chute du communisme en 1989, le passage au capitalisme a souvent eu un goût amer. L'optimisme initial s'étant progressivement émoussé avec l'abandon des chantiers et la montée du chômage.
Par l'approche photographique - dernière trace de l'installation éphémère, le duo d'artistes interroge non seulement l'histoire d'une ville mais aussi le travail de mémoire qui en découle ; cristalliser par la photographie le rapport homme/ville étant une solution d'aborder et d'analyser l'évolution possible de cette relation.
Cityproject s'inscrit pleinement dans l'exposition photographique Avancez vers l'arrière car il permet au spectateur de comprendre l'histoire d'un pays, le passé d'une ville, mais plus important encore, il l'incite aussi à aller de l'avant, à continuer à bâtir malgré le risque d'un éventuel échec.
Lisa Cartus.
Alicia Karska/ Aleksandra Went, Cityproject, 2008-2009, installation photographique |
Ephemeral city
On the beaches of Gdansk shipyards, Northern Poland, a modern city was built by Alicja Karska and Aleksandra Went; its angular buildings and its straight streets face the Baltic Sea.
The model is based on wet sand. By the action of water, it is slowly dissolving. In the background, the old buildings give the same impression of decomposition.
Alicja Karska and Aleksandra Went are playing with utopia and reality: are they full of hope with the city's future (because they are using sugar) or do they want to highlight that shipyards are becoming obsolete?
samedi 19 novembre 2011
Colorer le gris : Michal Szlaga
Michal Szlaga, série Stocznia Gdanska, 2004-2011, photographie |
Michal Szlaga est né en 1978 à Gdansk, ville où il vit et travaille actuellement. Il obtient un diplôme de photographie à l’Académie des Beaux Arts de sa ville natale en 2003. Le travail de Michal Szlaga est essentiellement photographique. Depuis 2002, il réalise ses clichés sur les chantiers navals de Gdansk, lieu chargé d’histoire devenu obsolète, qui tombe progressivement en ruines.
Les chantiers navals de Gdansk ont une longue histoire : ils sont situés sur les anciens chantiers allemands de Schichau-Werft et Danziger-Werft et sont devenus une entreprise nationale à la fin de la guerre, en 1945. En 1980, après une grève massive des ouvriers des chantiers, le lieu a vu naître le mouvement populaire Solidarnosc.
Les photographies de la série Stocznia Gdanska (2004/2011), présentées lors de l’exposition e-cités Gdansk se veulent donc les témoins d’une époque : à travers ses clichés, l’artiste cherche à retenir des fragments du passé avant qu’ils ne soient détruits. Depuis près de dix ans, Michal Szlaga photographie les lieux et les gens sur les chantiers navals pour garder une trace de l’activité qui régnait dans ces lieux quelques décennies auparavant.
La plupart des photographies de la série Stocznia Gdanska présentées à l’exposition e-cités présentent des couleurs particulières et très saturées. Cette saturation permet dans un premier temps à l’artiste d’attirer le regard du spectateur sur son travail, puis de faire prendre conscience à ce spectateur de l’artificialité de ces couleurs en raison du paradoxe qu’elles forment avec les sujets des clichés. En effet, les photographies présentent des ruines, des bâtiments très anciens, des personnes usées par leur travail sur les chantiers navals, et qui sont photographiés sans concessions. Ce paradoxe peut être un moyen pour Szlaga de faire réaliser au public que l’apparence soignée de ses photographies cache la vérité crue, que l’on aurait préféré ne pas voir, mais dans laquelle l’artiste a réussi à nous entraîner par son artifice. Il est également possible de considérer que Michal Szlaga cherche, à travers des compositions soignées et des couleurs vives, à magnifier les lieux et les personnes qu’il photographie, afin de leur rendre leur splendeur passée, à l’époque de l’euphorie de la fin de la guerre et de l’essor de l’industrie navale dans les chantiers de Gdansk. En effet, on ne peut s’empêcher d’être impressionné par la calme dignité du jeune homme qui pose, dans ses vêtements de travail sales et usés, pour l’objectif du photographe comme il poserait pour une peinture, dans ses plus beaux vêtements. De même, une vieille chaudière crevée se pare de reflets d’or, et le regard las du travailleur dans son vestiaire est éclairci par tout le bleu qui l’entoure.
Valentine Diliberto.
Color the grey : Michal Szlaga
Michal Szlaga is a Polish artist working with photography. The images in the exhibition "e.city - Gdansk" are part of a series called Stocznia Gdanska, conducted between 2004 and 2011 in the shipyards of Gdansk. The photographs by Michal Szlaga have particular colors and are very saturated. These colors are for the artist a way to attract the viewer's attention on the lives of the Gdansk shipyards, gradually falling into disrepair.
vendredi 18 novembre 2011
Double réalité
Witoslaw Czerwonka, vidéo-miroir sentimentale, date inconnue, vidéo, 3'18", captures d'écran |
Avec le projet « Regards projetés » entamé depuis plus de dix ans, Apollonia vise à réunir et à diffuser des œuvres d’artistes vidéastes européens, Après une première sélection polonaise en 2004, le choix de cette année s’oriente vers la ville de Gdansk. C’est dans cet optique que sera présenté le travail de Witosław Czerwonka qui œuvre dans cette ville depuis une quarantaine d’année.
Considéré comme l’un des pionniers de l’art vidéo polonais, il y ouvre une galerie indépendante dans les années 1978-1980. Détenteur d’un diplôme en études supérieures à l’académie des Beaux-arts de Gdansk, il y obtient un poste dès 1975 et y dispense actuellement des cours de multimédia.
Pour « Le fardeau et la légèreté », il présente sa Vidéo-miroir sentimentale. Sur la vidéo (d’une durée de 3 minutes 16), on peut voir deux écrans émergeant de l’obscurité, rapprochés, disposés en angle et semblant se refléter, mais sans néanmoins s’inverser.
Loin du split-screen utilisé cinématographiquement par Brian De Palma pour dramatiser l’action, ici le dédoublement de l’image prend part à un jeu de miroir. Les deux moniteurs diffusent la même bande, montrant la lune se réverbérant sur la mer. A cela viennent s'adjoindre les reflets générés entre les écrans, ajoutant à la mise en abîme (deux vidéos, présentées en tant que telles et filmées à leur tour). La sentimentalité du titre pourrait ainsi autant s’appliquer au contenu de l’image (dans Pelnia, Witosław Czerwonka utilisait déjà l’image de la lune) qu’au médium même.
Mais il existe un autre degrés de lecture possible. Si l’on se réfère à la fin de la vidéo, présentant la pièce où sont disposés les téléviseurs, on pourrait discerner un lien avec la situation que connaît Gdansk actuellement. La ville peine en effet à sortir de la crise qu’elle subit depuis les années 80. Le bateau qui traverse les écrans en début de vidéo pourrait ainsi rappeler le port de Gdansk et, par extrapolation, la répression à l’encontre du Solidarnosc. L’embarcation ne se manifestant qu’en début de film, l’on peut penser qu’il ne fait que souligner un acte passé, un temps révolu. Néanmoins, en présentant les téléviseurs sur des briques empilées sommairement, dans une pièce vide, Witoslaw Czerwonka semble souligner les bases branlantes sur lesquelles la société actuelle repose. Le contraste avec la présentation d’un paysage paisible (mais néanmoins crépusculaire) n’en est que plus fort, d’autant que cette « révélation » n’intervient qu’en fin de vidéo, lui conférant tout son sens.
Guillaume Limatola.
With the “Projected visions” project, started in 2001, Apollonia’s aim is to gather and to broadcast the work of european video artists. After a first Polish selection in 2004, this year’s choice arises on the city of Gdansk. In this framework, the videos of Witoslaw Czerwonka working in Gdansk since forty years, will be presented. Considered as a Polish art video pioneer, he ran an independent gallery in Gdansk from 1978 to 1980. Graduated from Gdansk Academy of fine art, he is employed there since 1975, as a professor at the Multimedia Studio.
Within the "Burden and lightness” selection, he is showing his Sentimental Video-mirror. On this 3 minutes 16’s video, we can see two screens, willings closely and in angle, reflecting each other, but without any kind of inversion. Far from the use of the split screen made by Brian De Palma in order to stres the action, here the picture’s duplication is involved in a mirror game. The two monitors are broadcasting the same video, showing the moon and his reflection on the sea. The reflections between the two screens, added to the fact that the two screens were also filmed, can make us think that the sentimentalism discussed in the video’s title can apply to the landscape shown in the videos, or tho the medium himself. But we can also choose an other point of view. If we refers to the video’s end, showing the place where the TV sets are installed, we can see a link to the Gdansk situation. The city is suddening a crisis since the eighties. The boat shown in the video can remembering Gdansk’s harbour, and by then, the repression against the Solidarnosc movement. The boat is only occuring at the beggining of the video, so we can think that it’s only underlining a fact occured in Gdansk’s past. But the TVs are summary stacked on some bricks, in an empty room. We cant think, then, that this fact is acting as a mataphor of a society based on rickety bases. The contrast between the peacefull landscape (but however plunged in darkness) is strong, mainly that this revelation is only happening at the end of the video.
With the “Projected visions” project, started in 2001, Apollonia’s aim is to gather and to broadcast the work of european video artists. After a first Polish selection in 2004, this year’s choice arises on the city of Gdansk. In this framework, the videos of Witoslaw Czerwonka working in Gdansk since forty years, will be presented. Considered as a Polish art video pioneer, he ran an independent gallery in Gdansk from 1978 to 1980. Graduated from Gdansk Academy of fine art, he is employed there since 1975, as a professor at the Multimedia Studio.
Within the "Burden and lightness” selection, he is showing his Sentimental Video-mirror. On this 3 minutes 16’s video, we can see two screens, willings closely and in angle, reflecting each other, but without any kind of inversion. Far from the use of the split screen made by Brian De Palma in order to stres the action, here the picture’s duplication is involved in a mirror game. The two monitors are broadcasting the same video, showing the moon and his reflection on the sea. The reflections between the two screens, added to the fact that the two screens were also filmed, can make us think that the sentimentalism discussed in the video’s title can apply to the landscape shown in the videos, or tho the medium himself. But we can also choose an other point of view. If we refers to the video’s end, showing the place where the TV sets are installed, we can see a link to the Gdansk situation. The city is suddening a crisis since the eighties. The boat shown in the video can remembering Gdansk’s harbour, and by then, the repression against the Solidarnosc movement. The boat is only occuring at the beggining of the video, so we can think that it’s only underlining a fact occured in Gdansk’s past. But the TVs are summary stacked on some bricks, in an empty room. We cant think, then, that this fact is acting as a mataphor of a society based on rickety bases. The contrast between the peacefull landscape (but however plunged in darkness) is strong, mainly that this revelation is only happening at the end of the video.
mercredi 16 novembre 2011
Quel est le message de Julia Kurek ? / What is the Julia Kurek’s message?
Julia Kurek, Komunikat (Message), 2008, 10'17", capture d'écran / performance à Gdansk puis vidéo, capture d'écran / video of artistic action, video still |
Julia Kurek, une jeune polonaise de 27 ans, toute de rose vêtue, rampe dans la rue principale de la vieille ville de Gdansk, devant un public interloqué : où va-t-elle ? Pourquoi ne marche-t-elle pas ? Les commentaires ne manquent pas sur son état mental : pas normale, malade, folle, camée ! Enfin un passant pose la bonne question : « C’est un happening ? » Oui c’est bien cela, mais quel est son message ? « Message » est d’ailleurs le mot qui met fin à sa performance, l’artiste le répète trois fois avant de s’écrouler.
Quel peut être le message d’une femme qui se déplace en rampant ? Nous ne pouvons pas nous empêcher de penser à ORLAN qui, pour MesuRages, a rampé dans cette même ville, afin de confronter son corps à l’architecture. S’agit-il d'un hommage à ORLAN ou Julia Kurek reprend-elle sa performance pour signifier autre chose ?
L’expression corporelle, le visage en souffrance, l’essoufflement, ici tout nous indique que l’action est plus violente, « inhumaine » aux dires des passants qui ne comprennent pas pourquoi quelqu’un la filme. Le vidéaste amateur ne fait pas partie de l’action, il ne s’agit pas d’une vidéo artistique, mais de la vidéo d’une action artistique. Julia Kurek effectue sa performance et une personne la filme, « J’ai une caméra alors je filme ! », ce à quoi une passante lui répond : « Mettez la vidéo sur You Tube ! » Merci à internet, cette action sera visible par le monde entier, hélas peu de personnes comprendront vraiment ce qui est en train de se jouer sous leurs yeux. Alors que la plupart pensent à une blague ou à un pari, d’autres ont appelé une ambulance la croyant en danger. Mesdames et messieurs les passants, c’est vous qui êtes en danger si vous n’ouvrez pas les yeux.
Il s’agit bien d’une action artistique comme le déclare l’artiste aux ambulanciers et aux policiers voulant l’emmener. Ce déplacement au ralentit dans la rue, véritable expérience corporelle pour l’artiste, créé une rupture dans la perception que nous avons du lieu, mais aussi dans celle que nous avons du corps. Ce comportement physique en décalage est, selon l’artiste, une sorte de test d’empathie, mais est aussi révélateur des limites de la liberté individuelle dans l’espace public. Julia Kurek, entre « fardeau et légèreté », avance. Un fardeau, car elle rampe au sol avec tout le poids du passé sur le dos, mais aussi de la légèreté, car elle continue d’avancer malgré tout. Ce n’est que lorsqu’elle s’essouffle, dans les derniers mètres que les passants comprennent qu’elle représente la liberté, Julia Kurek peut enfin terminer son action artistique sous les applaudissements et les cris d’encouragement.
Magalie Brissaud.
Julia Kurek, a 27 years-old Polish woman, entirely dressed in pink, is crawling on the main street of the old city of Gdansk, in front of a stunned audience: where is she going? Why is she not walking? There is no lack of comments about her mental state: not normal, sick, crazy, cameo! Finally a passer-by asks the right question: "Is it a happening?" Yes that's right, but what is its message? "Message" is also the word that ends her performance, repeated three times by the artist before collapsing.
What can be the message of a woman who moves by crawling? We can’t help thinking of ORLAN, who in MesuRages, crawled in the same city in order to compare her body to architecture. Is it an ORLAN tribute or did she make her performance for another meaning?
Her body language, her grimacing face, her short breath, everything here indicates that Julia’s action is more violent, "inhuman" according to the words of passers-by who didn’t understand why someone was filming. The video amateur is not part of the action, this is not a piece of video art, but a video record of an artistic action. Julia Kurek made a performance and someone filmed it, "I had a video camera so I filmed!" A woman replied: "Put the video on You Tube!" Thanks to the Internet, this action will be visible all over the world; unfortunately, only a few people really understood what had been staged in front of their eyes. While most were thinking of a joke or a bet, others called an ambulance believing in a danger. Ladies and gentlemen, you are in danger, if you don’t open your eyes!
In fact, it’s an artistic action as claimed by the artist to the ambulance and to the police who wanted to take her. Her slow movement in the street, a real body experience for the artist, has created a break in the perception we have of the place, but also in the perception we have of the body. This out of step physical behaviour is, according to the artist, a kind of “empathy test”, but also reveals the limits of individual freedom in public areas. Julia Kurek: between "burden and lightness” advances. A burden, as she crawled on the ground with all the weight of the past on her back, but also lightness, as she continued to move forward anyway. It is only when she runs out of breath, in the final meters, that passers-by understand that she represents freedom, Julia Kurek finally completed her artistic action with applause and shouts of encouragement.
mardi 15 novembre 2011
OXYMORON
Martin Honorata , Legs (Les jambes), vidéo techniques mixtes, 1'30" |
The young artist Honorata Martin uses many techniques in her videos. Painted elements, drawings on film tapes, stop motion and performance are combined with a certain sense of rhythm. Two videos, La Guerre (Le dîner) and Les jambes, are presented in the exhibition
"e.city - Gdansk".
Both evoke in the same time, hope and disillusion, humour and seriousness, lightness and burden. Perhaps just like Gdansk's (and more other places) atmosphere...
Une jeune fille aux visage et chemisier souillés court, affolée, dans une rue. Nous la suivons. De petits monstres émergent de restes bientôt plus très alimentaires pour y disparaître rapidement. Un être tente de s'approprier une seconde et indésirable paire de jambes. Sans succès ?
Partant surtout de la peinture, Honorata Martin développe un art vidéo qui convoque une multiplicité de techniques artistiques. Film d'animation, dessin sur pellicule, performance, décors peints, se retrouvent pour se combiner dans les deux vidéos de l'artiste présentées lors de l'exposition "e.cité Gdansk".
Deux films d'animation qui nous rappellent que se tenait récemment, à Gdansk notamment, la 22ème édition du Cartoon Forum, un forum européen de coproduction pour films d'animation. Créé en 1990, grâce au programme Média de l'Union Européenne, ce rendez-vous annuel majeur a permis de créer un large réseau de coopérations transfrontalières, et a donc contribué au dynamisme de l'animation européenne en permettant à plus de 430 séries d'animation de voir le jour.
Ainsi, dans La Guerre (Le Dîner) voit on s'alterner deux séquences à une cadence soutenue. D'une part, ce qui pourrait être la comparaison, en stop motion, du gâchis de la guerre par celui de la nourriture. Du magma coloré des restes d'un repas s'élèvent de petites créatures, des petits riens d'êtres, qui ne font que s'anéantir.
Entre ces scènes d'une cruauté toute relative, la caméra est aux trousses d'une adolescente affolée. Elle court comme une dératée. Vient-elle de faire une mauvaise rencontre ? Est-elle horrifiée par ce qu'elle vient de voir ? Figure et vêtements salis, elle pourrait être à la fois victime et responsable de ce dîner guerrier.
On retrouve ce même univers absurde et faussement enfantin dans Les jambes. L'artiste essaie la peau d'un personnage qui ne parvient pas à s'approprier sa paire de membres surnuméraire. Inadaptées, grotesques, ces jambes lui donnent du fil à retordre. Un vrai fardeau, ou un prétexte au jeu, et donc à la légèreté ?
L'oeuvre de Honorata Martin dévoile un pan de la jeune création de Gdansk, ville portuaire du nord de la Pologne, à l'honneur cette année. Appartenant à une génération qui n'a vu que les espoirs et les désillusions souvent amères qui ont suivi la chute du communisme, Honorata Martin nous en livre un constat aigre-doux. Usant habilement du vecteur de l'humour, l'artiste glisse habilement, en arrière-plan de ses vidéos, des sujets plus lourds, comme le conflit, la perte de repères, une envie de fuir la réalité.
Anne Guldner.
lundi 14 novembre 2011
Black is the Night
"Black is the night" is a stop-motion video created by Maciej Szupica and Przemysław Adamski, two young artists from Gdansk, Poland. This clip is an animated mix of illustrations, photographs and video with a soundtrack made by DJ Vadim.
As a metaphor of daily difficulties for the young generation of Gdansk, this video shows us a girl with her pirate friend and their trip on a boat, on a imaginary see. Subtly, the two graphic designers use the image of temporary tattoo to question the idea of permanence, the way of dealing with history and creating a different future.
As a metaphor of daily difficulties for the young generation of Gdansk, this video shows us a girl with her pirate friend and their trip on a boat, on a imaginary see. Subtly, the two graphic designers use the image of temporary tattoo to question the idea of permanence, the way of dealing with history and creating a different future.
Artiste polyvalent Marciej Szupica alias Monsieur Zupika est un jeune artiste né en 1975. Scénographe, photographe, infographiste, producteur de clips vidéos, VJ, interprète, il multiplie les créations et essaye de combiner les différentes formes d’expression. Il est diplômé des Beaux-Arts de Gdansk et y donne des cours dans la section Multimédia. Przemysław Adamski est également un jeune graphiste de Gdansk, VJ, et réalisateur de clips vidéo. Il travaille souvent en collaboration avec Marciej Szupica, avec lequel il utilise le principe de stop motion, vidéo image par image, très en vogue depuis quelques années. Ce concept graphique permet d’allier illustration, photographie et vidéo, donnant de nouvelles perspectives au clip vidéo.
La vidéo «Black is the Night» réalisée en 2007,est elle aussi un mélange de photographies et d’illustrations. Elle commence à Gdansk et continue dans la baltique, dans un monde imaginaire où tout est possible, et nous présente l’histoire d’une petite fille et de son ami pirate. Dans une ambiguïté assez perceptible les deux amis vont dans un bateau et partent à l’aventure. Ils vont affronter les dangers des océans grâce à des tatouages temporaires qui glissent de leurs bras, vont se découvrir eux-mêmes, affronter les périples, trouver de quoi se défendre et comment s’amuser.
Le clip nous montre sous une autre forme les difficultés quotidiennes, une métaphore de la ville de Gdansk, de la mer qui y est associée, de ces jeunes générations qui doivent affronter leurs futurs et trouver de quelle façon cet avenir pourrait être plus onirique.
De manière subtile, les deux graphistes utilisent l’image du tatouage temporaire, comme si l’on pouvait dessiner le futur et faire table rase des tatouages de l’histoire, remettant en question cette idée de permanence et montrant que c’est aux jeunes générations de dessiner leur avenir.
Nadège Peter.
Maciej Szupica & Przemysław Adamski & Maciej Salamon, Black is the night, 2007, vidéo, 4'08 (capture d’écran) |
dimanche 13 novembre 2011
Métaphore d'une société
Ania Witkowska, Underwater (Sous-Marin), 2007, vidéo, 5'34", capture d'écran |
En regardant l’œuvre de l'artiste polonaise, Ania Witkowska, le spectateur plonge dans le monde sous-marin. Composée de plusieurs séquences, la vidéo montre un bouquet d'algues dans un aquarium où évoluent quelques animaux aquatiques à l'aspect très particulier : le Phycodurus Eques, vivant au sud de la côte australienne. Cousin de l'hippocampe, on pourrait pourtant l'appeler le caméléon marin : par sa morphologie, il se fond dans la végétation grâce à de longues protubérances ressemblant aux feuilles des algues présentes sur tout son corps. De plus, il a la capacité de changer de couleur en fonction de son environnement. Se mouvant avec lenteur dans son habitat naturel, ce camouflage lui permet de ne pas attirer l'attention de prédateurs, et est donc indispensable à sa survie.
Contrastant avec la rapidité de notre société, cette vidéo est sans rythme, créant ainsi une ambiance presque irréelle, la musique ininterrompue participant à cet univers en parfaite contradiction avec le notre. Le temps semble s'être arrêté entre angoisse et apaisement : cet animal étrange et peu connu, se déplaçant sans mouvement brusque, se confondant avec les algues, intrigue et répugne par son aspect, mais, attire et hypnotise par sa gestuelle gracieuse et la complexité de sa morphologie. Le spectateur est donc tiraillé entre deux réactions antagonistes. D'une part la contemplation de l'esthétique de cette forme organique évoluant dans ce sombre fond marin et l'aversion pour cette créature inconnue quelque peu repoussante.
Cette vidéo dénote de l'ensemble des œuvres présentées par le sujet traité et le manque de rythme. Cependant, nous pouvons y voir une métaphore de la société polonaise : les capacités de la population à accepter les changements, à se fondre dans un nouvel environnement, politique, social et économique et à s'intégrer dans la masse européenne ont été, et sont toujours, indispensables pour assurer sa survie.
Cécilia Meola.
Cette vidéo dénote de l'ensemble des œuvres présentées par le sujet traité et le manque de rythme. Cependant, nous pouvons y voir une métaphore de la société polonaise : les capacités de la population à accepter les changements, à se fondre dans un nouvel environnement, politique, social et économique et à s'intégrer dans la masse européenne ont été, et sont toujours, indispensables pour assurer sa survie.
Cécilia Meola.
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